lundi 14 avril 2014

Gourmandise


J’étais allé chez l’épicier
Acheter du café, du savon, de l’huile
Ou bien des allumettes.
En passant devant le comptoir
J’ai pu voir
des caramels et des sucettes,
Peut-être cent, peut-être mille !

Mais alors, je n’ai plus pensé
A ce qu’il fallait acheter
Et j’ai demandé tout bas
Un kilo de chocolat.

A Laponne

La confiture


La confiture ça dégouline
Ça coule coule sur les mains
Ça passe par les trous d´la tartine
Pourquoi y a-t-il des trous dans l´pain ?

Bien sûr on peut avec du beurre
Les trous on peut bien les boucher
Ça ne sert à rien c´est un leurre
Car ça coule par les côtés

[…]Et quand ça coule pas ça tombe
Le pain s´écrase entre les doigts
Ça ricoche et puis ça retombe
Côté collant ça va de soi

Au moment de passer l´éponge
On en met plein ses vêtements
Plus on essuie plus on allonge
Plus on frotte et plus ça s´étend

C´est pour ça qu´y´en a qui préfèrent
Manger d´la crème de marrons
Ça colle au pain c´est sans mystère
C´est plus commun mais ça tient bon
[…]

Les frères Jacques

PETITE POMME


La petite pomme s'ennuie
De n'être pas encor cueillie.
Les grosses pommes sont parties.
Petite pomme est sans amie.
Comme il fait froid dans cet automne,
Les jours sont courts, il va pleuvoir.

Comme on a peur au verger noir
Quand on est seule et qu'on est pomme.
Je n'en peux plus, viens me cueillir,
Tu viens me cueillir, Isabelle.

Ah! que c'est triste de vieillir
Quand on est pomme et qu'on est belle!
Prends-moi doucement dans ta main
Laisse-moi me ratatiner
Bien au chaud sur ta cheminée

Et tu me mangeras demain !

Géo Norge

Pomme


Celle qu'on vole
rouge joue
bonne enfant
 ou la pomme d'amour
qui se prend
pour celle d'Adam ?...
ou la folle qui frissonne
quand toutes les feuilles
sont dans le vent ?
Non.
Moi, je croque la rainette
et taquine la pomme d'api
sur laquelle l'autre rainette
rêvasse de la pluie
you-pie !

Marie-France Boyer

Le Canada

 

Il est sous le soleil une terre bénie,
Où le ciel a versé ses dons les plus brillants,
Où, répondant ses biens la nature agrandie
A ses vastes forêts mêle ses lacs géants.



Sur ces bords enchantés, notre mère, la France,
A laissé de sa gloire un immortel sillon,
Précipitant ses flots vers l'océan immense,
Le noble Saint-Laurent redit encor son nom.

Heureux qui la connaît, plus heureux qui l'habite,
Et, ne quittant jamais pour chercher d'autres cieux
Les rives du grand fleuve où le bonheur l'invite,
Sait vivre et sait mourir où dorment ses aïeux.

Octave Crémazie . 1902

Poème à mon frère blanc





Cher frère blanc,
Quand je suis né, j’étais noir,
Quand j’ai grandi, j’étais noir,
Quand je suis au soleil, je suis noir,
Quand je suis malade, je suis noir,
Quand je mourrai, je serai noir.
Tandis que toi, homme blanc,
Quand tu es né, tu étais rose,
Quand tu as grandi, tu étais blanc,
Quand tu vas au soleil, tu es rouge,
Quand tu as froid, tu es bleu,
Quand tu as peur, tu es vert,
Quand tu es malade, tu es jaune,
Quand tu mourras, tu seras gris.
Alors, de nous deux,
Qui est l’homme de couleur ?

Léopold Sedar Senghor (1906-2001)
Poète écrivain et homme politique sénégalais