vendredi 9 mai 2014

Sxièmes sens

La vie est calme, il fait beau, il est 2 heures du mat'
On est quelques sourires à partager notre insouciance.
C'est ce moment là, hors du temps, que la réalité a choisi
Pour montrer qu'elle décide et que si elle veut elle nous malmène
En un éclair la fête était finie
Souviens-toi de ces sourires, ce sera plus jamais les mêmes.


Le choc n'a duré qu'une seconde mais ses ondes ne laissent personne indifférent
« Votre fils ne marchera plus », voilà ce qu'ils ont dit à mes parents

Alors j'ai découvert de l'intérieur un monde parallèle
Un monde où les gens te regardent avec gêne ou avec compassion
Un monde où être autonome devient un objectif irréel
Un monde qui existait sans que j'y fasse vraiment attention.

Ce monde-là vit à son propre rythme et n'a pas les mêmes préoccupations
Les soucis ont une autre échelle et un moment banal peut être une très bonne occupation.
Ce monde là respire le même air mais pas tout le temps avec la même facilité
Il porte un nom qui fait peur ou qui dérange : les handicapés.

On met du temps à accepter ce mot, c'est lui qui finit par s'imposer
La langue française a choisi ce terme, moi j'ai rien d'autre à proposer
Rappelle-toi juste que c'est pas une insulte, on avance tous sur le même chemin
Et tout le monde crie bien fort qu'un handicapé est d'abord un être humain

Alors pourquoi tant d'embarras face à un mec en fauteuil roulant
Ou face à une aveugle, vas-y tu peux leur parler normalement
C'est pas contagieux pourtant avant de refaire mes premiers pas
Certains savent comme moi qu'y a des regards qu'on n’oublie pas.

C'est peut-être un monde fait de silence, de résistance
Un équilibre fragile, un oiseau dans l'orage
Une frontière étroite entre souffrance et espérance
Ouvre un peu les yeux, c'est surtout un monde de courage.
Quand la faiblesse physique devient une force mentale
Quand l'envie de sourire redevient un instinct vital.

Les 5 sens des handicapés sont touchés mais c'est un 6ème qui
les délivre
Ce 6ème sens qui apparaît, c'est simplement l'envie de vivre.
J’ai perdu l’usage de mes jambes, un soir de septembre
Ce fut une épreuve cruelle, mais ça m’a donné des ailes.

D’après « 6ème sens » de Grand Corps Malade,
paroles revues et corrigées par la BIP

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